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  • Valérie CAILLIEZ

Vous reprendrez bien un peu d’innowashing ?


L’innovation, phénomène de mode

Innovation par-ci, innovation par-là, l’innovation est à la mode. Au cœur d’un bruit ambiant à nous percer les tympans, elle suscite l’envie et génère une multitude de dérives. Les entreprises sont tout feu tout flamme, comme si elles avaient découvert le sésame de leur future croissance. Pourtant, tout comme le greenwashing a pu faire des victimes au début de la prise de conscience écologique, l’innowashing commence à sévir.


N’avez-vous jamais entendu parler d’une entreprise qui souhaite innover mais qui pense que pour y arriver, une simple journée de sensibilisation suffira ? Croyez-vous qu’en ayant compris ce qu’est l’innovation par une explication appropriée de sa définition, les équipes de managers sauront accompagner efficacement leurs collaborateurs dans la voie du changement ?


Il serait alors tout aussi simple d’imaginer que la lecture de quelques bons livres de référence suffit à devenir innovant. Au risque de vous décevoir, j’ai lu quantité de livres sur la cuisine moléculaire et pour autant je n’égale aucun chef sur le sujet. L’innovation n’est pas juste un concept intellectuel de plus à assimiler.


L’innovation, effet immédiat attendu

Autre dérive assez fréquente ces derniers temps, l’innovation spectacle avec «effet com» garanti, L’impact est rapide et direct sur les équipes et sur l’écosystème de l’entreprise mais qu’en est-il du long terme ? Est-ce qu’un coding-dojo va apporter la solution pérenne au problème de la relation client ? Un marathon créatif géant fera-t-il germer la vraie bonne idée d’un nouveau produit disruptif ? Toutes ces solutions restent de formidables impulsions mais elles ne suffisent pas à insuffler un vrai vent d’innovation dans l’entreprise, si elles ne sont pas suivies d’autres dispositifs et d’autres projets pour réellement espérer avoir un effet bénéfique.


Un dirigeant pressé et peu confiant dans ses collaborateurs m’avouait un jour qu’il ne pensait pas ces équipes étaient créatives et comme son besoin d’innovation était urgent, il envisageait plutôt un rachat d’entreprise pour élargir son offre de produits et son emprise marché. Si l’option croissance externe reste une voie tout à fait louable, elle n’en est pas moins longue et semée d’embûches. Un apport de sang neuf va raviver l’image de l’entreprise et le cas échéant, revigorer les marchés financiers, mais la greffe au niveau des équipes peut mettre plus de temps à prendre et finalement ne pas être plus simple et rapide qu’un travail interne. Le temps gagné au départ se reperd ensuite, à l’inverse de la version interne qui demande une phase de réflexion amont un peu plus longue mais qui, une fois lancée, engage plus vite les équipes. Tout dépend de l’effet escompté et là encore, un seul rachat d’entreprise ne servira pas à qualifier l’acheteur d’innovant.


Sans parler du rapprochement avec les start-ups. Bien pensé, il peut être un formidable accélérateur pour les deux parties. En revanche, qu’en est-il des entreprises qui saupoudrent leurs aides sans jamais aller en profondeur dans l’échange ? Un peu de financement remplace-t-il les conseils avisés, l’ouverture d’un réseau ? Peut-on en échange d’une opération de défiscalisation s’attendre à un bouleversement des mentalités dans ses propres équipes ? Ici aussi tout est question de dosage et d’honnêteté dans la relation.


L’innovation, remède managérial

En management aussi, le pire côtoie le meilleur. A partir de quand peut-on affirmer qu’un shadow codex a une réelle influence dans l’entreprise ? Est-ce une volonté profonde de changement et l’acceptation d’une nouvelle forme de critique ou juste une façon de se dédouaner d’avoir une équipe de direction un peu trop endémique, à la moyenne d’âge trop élevée pour être avouée ?


Dans un autre registre, l’innovation managériale se résume parfois à un soupçon de convivialité complémentaire. Une aubaine pour les fabricants de babyfoots qui voient s’épanouir un tout nouveau marché BtoB sur lequel ils n’auraient peut-être pas parié quelques années en arrière. Dans ce registre, les CHO sont-ils l’avenir des RH ou une simple réplique des G.O. du Club Med en version business ?


Finalement doit-on trouver en un claquement de doigt la solution miracle ? L’accélération du monde doit-elle obligatoirement induire une immédiateté dans la résolution des problèmes ?


L’innovation ne procède pas de la génération spontanée, elle nécessite une série d’étapes et de dispositifs, du temps, de l’énergie et de l’engagement. Toutes les initiatives citées font partie de ce processus mais aucune n’est une fin en soi. Bien que fortement contributives, aucune ne peut à elle seule résumer la démarche. Il faut bien commencer par quelque chose me direz-vous ? Oui, bien sûr, mais il ne faut pas s’arrêter là.


Alors vous reprendrez bien une journée de sensibilisation avec une cuillère de hackaton ? C’est le niveau zéro de l’innovation, la partie visible de l’iceberg, l’aventure commence après.


Pom3 vous accompagne tout au long de la démarche d’innovation et propose, au travers de sa participation au sein du collectif Jeuxdenjeux des dispositifs pour favoriser l’intelligence collective. Plus d’informations sur www.pom3.fr ou www.jeuxdenjeux.com

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