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  • Valérie CAILLIEZ

Peut-on innover pour ralentir ?


Dans un monde en constante accélération, avec une boulimie de consommation d’innovations plus ou moins utiles, ralentir pourrait parfois faire figure d’incongruité ou pire de mauvaise volonté.


Pourtant, face aux enjeux qui s’imposent à nous, l’une des voies suggérées est le ralentissement. Loin d’une tendance loufoque de quelques partisans, le mouvement slow s’amplifie. Et si nous prenions à nouveau le temps de savourer les choses qui nous entourent ? Et si, par un comportement plus réfléchi, nous arrêtions de courir après des besoins qui n’en sont pas vraiment ? Ce nouveau gadget est-il indispensable à mon bonheur ? Serais-je has been parce que mon téléphone n’est pas le dernier modèle de la gamme ?


Difficile de modifier volontairement une habitude pour son bien-être ou celui de la planète. Souvent nos changements sont induits par l’urgence de la situation comme si nous ne virions de cap que face au mur. Alors comment faire ?


Au-delà du changement de paradigme, il va nous être souvent très utile d’innover pour réapprendre à prendre le temps, à ne pas nous précipiter, à moins consommer, à étudier d’autres alternatives, à évaluer nos choix pour prendre conscience des impacts que nous avons individuellement ou collectivement sur notre écosystème.


Alors direz-vous, cette innovation parfois hautement technologique n’est-elle pas une fuite en avant ? Encore un peu plus de technologie sophistiquée pour nous aider à nous en passer, étonnant non ? Mais si nous devions en passer par là pour nous sevrer peu à peu du biberon de la consommation constante auquel nous nous abreuvons ? Combien d’applications pour choisir nos produits ? Combien de promesses d’IA pour guider nos choix vers un monde plus vertueux ?


Finalement pour ralentir, aurons-nous besoin de plus d’outils dans un premier temps que notre simple volonté ? Chaque individu n’est pas égal face à cette inflexion. Pour certains, elle n’est même pas utile tant leur frugalité, pour ne pas dire leur dénuement, est déjà très forte. Pour d’autres, décrocher d’une telle addiction à la consommation est vue comme une ingérence dans leur liberté d’action. Pourtant, honnêtement, avez-vous déjà croisé quelqu’un de triste parce qu’il avait choisi de ralentir ?


Ralentir est salvateur a plus d’un titre : prendre de la hauteur, oxygéner ses neurones, recharger ses accus, changer de rythme… N’est-ce pas là une innovation dans nos modes de vie qui mérite bien notre attention ?


Mes dernières nourritures pour l’esprit m’ont incitée à me poser cette question et à confronter deux concepts souvent vus comme antinomiques : innover et ralentir. Je partage avec vous quelques sources.


Tout d’abord, une interview très intéressante du journaliste du Monde, Stéphane Foucart, dans le podcast « Remarquables » de l’explorateur de futurs durables Thomas Gauthier. Un vrai questionnement autour de ce sur quoi nous décidons d’agir en conscience et de ce qui nous est tranquillement distillé comme une vérité profonde.


Ensuite, plusieurs tables rondes au dernier salon SiDO sur la transition énergétique et les limites du numérique avec quelques speakers qui ont retenu mon attention.


Nadia Maizi, co-auteure du 6ème rapport du GIEC, qui tout en douceur, comme un gentil trublion du tout numérique, porte quelques messages clairs et forts sur l’urgence d’agir et éclaire des échanges partis sur de fausses bonnes idées.


Arnaud Billion, chercheur en éthique de l’informatique chez IBM qui pose les limites actuelles sur ce que les machines peuvent faire et questionne sur leur capacité créative.


Alors peut-on concilier ce besoin de ralentir avec nos envies d’innover ?


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