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Valérie CAILLIEZ

Peut-on innover sans s'intéresser à demain ?


Innover, c’est généralement décider de créer quelque chose de nouveau ou de différent. Un produit, un service, un mode d’organisation, un processus de production, un outil de communication, une méthode de commercialisation, etc. Peu importe l’objet, l’innovation vient perturber l’existant, l’enrichir ou le remplacer. Elle mise sur l’acceptation des utilisateurs et pose une pierre dans l’édification du futur. Quelle relation a-t-elle réellement avec le futur ?


Lorsque qu’une entreprise lance un nouveau produit, son objectif est bien sûr de réussir son pari et de développer son activité. A-t-elle réellement conscience de tout ce que ce lancement pourrait impliquer ? D’autant plus si, a posteriori, la nouveauté est réellement disruptive. Peut-elle tout imaginer ? Pense-elle aux usages des nouveaux outils ? Ne voit-elle que le bon côté de l’innovation, ne faudrait-il pas qu’elle se penche aussi sur son côté obscur ? Ne doit-elle pas aussi imaginer l’impensable ?


Repartons des fondamentaux. Que se cache-t-il derrière la destruction créative de l’innovation ? Quelle place dérobe une innovation ? Qui évince-t-elle en remplaçant l’existant ? Que détruit-elle pour proposer du neuf ?


Si nous restons sur le côté positif, nous pouvons, par exemple, porter un regard admiratif aux évolutions apportées par l’informatique, devenue numérique, digital ou Tech. Ce n’est pas parce qu’elle change de nom, qu’elle modifie ses bases. Tout repose sur une série d’algorithmes, une succession de 0 et de 1, qui permettent d’effectuer des tâches répétitives, de capter des informations, de trier des données, de transmettre des messages, de calculer un résultat, etc. En cela, l’informatique vient soulager notre travail ou notre réflexion en apportant des solutions automatisées, rapides et efficaces à des problèmes posés.


Si nous regardons le côté obscur de l’informatique, nous voyons aussi de la manipulation à grande échelle, de la destruction d’emplois, un flou artistique autour de la propriété intellectuelle, des fuites d’informations, etc. Est-ce à dire que les créateurs de départ avaient envisagé tous ces travers ? Prenons le cas de ChatGPT. Faut-il qu’il y ait de la triche à grande échelle pour que le quidam s’intéresse à l’IA générative ? N’est-ce pas d’abord un outil intéressant à comprendre et utiliser pour générer de nouvelles choses, doper l’inspiration et nourrir la créativité ?


Lorsque nous proposons une innovation, devons-nous imaginer déjà tous les usages simples ou détournés qui pourraient en découler ? N’est-ce pas de notre responsabilité de créateur d’envisager le pire pour essayer de l’endiguer ?


Face aux enjeux environnementaux, géopolitiques, économiques et sociétaux qui s’imposent à nous, est-il envisageable d’apporter une nouvelle solution sans la mettre en perspective ? Sans en mesurer les conséquences ? Sans s’intéresser aux effets qu’elle pourrait produire sur son écosystème ? Est-ce acceptable encore de créer un produit qui viendrait appauvrir de façon conséquente les ressources dont nous disposons encore ?


Innover sans s’intéresser aux impacts positifs ET négatifs de son innovation est-il finalement responsable ? Innover sans se projeter dans le futur de cette innovation est-il acceptable ?


Difficile parfois d’envisager l’impensable, de projeter le long terme, d’imaginer la suite. Pourtant, nous pouvons au moins essayer de rassembler les éléments connus, d’observer l’environnement et d’imaginer les suites possibles. C’est une vraie démarche de prospective pour inscrire une innovation dans un futur souhaitable.


Dans cet article, nous créons la relation entre l’innovation et la prospective non pas en envisageant la prospective comme une formidable source d’inspiration pour innover mais bien comme un outil d’analyse puissant des usages possibles et souhaitables de la nouveauté sur laquelle nous travaillons.


Et vous qu’en pensez-vous ?


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