Dans un monde en profonde mutation, où le mot innovation est dans toutes les bouches, peut-on être certain que toutes ces nouveautés amènent un progrès ? Est-il possible d’innover sans pour autant faire progresser la connaissance, le bien-être ou la société ?
Le progrès nous a bercé pendant de nombreuses années avec l’idée que la société évoluait vers un toujours mieux puis l’innovation est arrivée avec la notion de valeur ajoutée. Sur le papier, les deux termes semblent nous conduire vers un monde meilleur. Et pourtant…
Les progrès scientifiques, technologiques ou socio-économiques n’ont pas toujours eu les résultats escomptés. L’usage qui en découlait a peut-être fait progresser certains au détriment d’autres et les innovations n’ont pas toujours amélioré la vie sur terre.
Avec le recul, demandons par exemple à notre planète si l’exploitation des énergies fossiles constitue un progrès pour l’environnement, le paysage ou la qualité de l’air ? Si l’agriculture intensive fait progresser le règne animal, la santé humaine ou le bien-être des ouvriers agricoles ? Utilisées avec modération et à bon escient, toutes ces nouveautés sont de grands pas, mais la surexploitation que nous en avons fait a modifié grandement la donne.
Commander en ligne un produit introuvable en boutique et se faire livrer chez soi est un service indéniable mais est-ce vraiment un progrès si l’empreinte carbone de cet acte d’achat détruit insensiblement l’équilibre précaire dans lequel nous évoluons ? Utiliser les réseaux sociaux pour dialoguer, s’informer, rester en contact est une belle idée, les convertir en temple de la haine par un usage détourné une belle erreur.
Au départ, toutes ses idées semblaient aller dans le sens d’un mieux et avec le recul, elles montrent le chemin inverse. N’est-ce pas l’usage que nous faisons de ces propositions qui détermine si à terme elles constituent de vrais progrès pour l’humanité ou la planète ou si elles ne sont qu’hérésie et danger ? Ne devrait-on pas toujours regarder le côté obscur de chaque changement apporté ? Les dérives possibles ? Les détournements envisageables ?
N'avons-nous la responsabilité de nous assurer du danger des produits mis sur le marché ? Ne sommes-nous pas impliqués dans les évolutions induites par une chaine de production, de distribution ou de communication ? Ne devons-nous pas anticiper les dérives qui pourraient se produire et réagir au plus vite lorsqu’elles émergent ? Pourquoi changer à tout prix si c’est pour faire pire ?
Ce fameux progrès nous fait-il vraiment progresser et ces innovations induisent-elles de bons changements ? Nous voulons changer le monde, le rendre meilleur mais regardons-nous tous le même monde ? Avons-nous la même aspiration ? Plus de 7 milliards d’humains, plus de 7 milliards de visions du monde, plus de 7 milliards de rêves de futur et pourtant une seule planète pour nous porter tous. Avons-nous le bon prisme ?
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