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  • Valérie CAILLIEZ

La disruption a-t-elle une conscience ?



Beaucoup d’entreprises cherchent à disrupter le marché existant pour se faire une place au soleil. Quoi de plus jouissif que de casser un système en place gouverné par quelques happy few ? Sous prétexte de mettre à la disposition d’un plus grand nombre un produit ou un service jusqu’alors réservé à ceux qui en avaient les moyens, tous les chemins sont parfois jugés bons pour les nouveaux entrants. Peu de considération sociale ou éthique, peu de prise de recul sur l’impact environnemental, le principe consiste surtout à innover pour gagner des parts de marché sans se soucier des conséquences.


Je doute cependant que derrière les mots de Michel Millot, « Il n’y a pas d’innovation sans désobéissance », se dessinait une autorisation de tout oser sans moralité. Cette traduction au pied de la lettre de sa phrase a amené à bien des situations scabreuses, précarité des livreurs à vélo, surconsommation due à la fast fashion, perte d’emplois sur le territoire, etc. Comme si la recherche de profit primait finalement sur l’intérêt de la toute nouvelle solution proposée.


L’histoire nous a pourtant avertis. Dès le XVIIème siècle, le philosophe Bernard Le Bouyer de Fontenelle disait qu’ «il faut oser en tout genre ; mais la difficulté c’est d’oser avec sagesse. »


Assurément nous n’avons pas pris la voie de la conscience et le contexte actuel nous met face à nos réalités. Nous avons brûlé notre chandelle par les deux bouts et nous sommes désappointés devant les enjeux qui nous attendent.


Pourtant c’est bien maintenant qu’il faudrait disrupter nos modèles mais peut-être pas avec la même interprétation. Ne devons-nous pas bouger les lignes, changer de paradigmes, casser ce moule destructeur pour en créer un nouveau plus vertueux ? Si la disruption ne couvre pas ce champ de la transformation, alors trouvons un nouveau mot pour qualifier ces innovations de rupture qui vont nous permettre de passer ce cap difficile en toute conscience.


Clin d’œil à Adrien Deslous-Paoli dont l’intervention lors des Fashion Tech Days de Lyon m’a inspiré ce post.


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