Elle s’invite dans toutes les discussions, envahit peu à peu nos quotidiens, l’IA est en train de devenir complice de tous nos instants. Peut-elle vraiment nous aider à innover ? Va-t-elle au contraire devenir notre pire ennemi ?
Elle s’immisce dans nos processus décisionnels, aide à envisager plus d’options, combiner plus d’hypothèses, clarifier des choix complexes. Est-ce vraiment un bienfait ? Une nouvelle voie pour booster encore un peu plus notre société de consommation déjà aux limites de la planète ? Ne serait-il pas plus pertinent de l’utiliser pour faire moins mais mieux ?
Elle peut automatiser les processus créatifs avec ses algorithmes génératifs capables de créer toutes sortes d’œuvres ou écrits. Où commence le plagiat derrière « à la manière de » ? Où s’arrête l’inutilité du gadget qui nous fait dialoguer avec des philosophes disparus ? Ne pourrait-elle pas faciliter la création de produits plus recyclables, moins impactants ?
L’IA nous fait viser juste plus vite et accélère nos découvertes. Cette course prend-elle en compte la notion de progrès ? N’élargit-elle pas le gouffre déjà béant entre ceux qui peuvent et les autres ? N’est-elle pas créatrice d’une certaine forme d’idiocratie ?
L’IA s’appuie sur des données accumulées au fil du temps pour imaginer d’autres solutions. A partir de quand peut-on parler d’uniformisation de la pensée ? Que fait-on de la sacrosainte sérendipité chère à l’innovation ? Qu’advient-il de la créativité humaine ? Va-t-elle s’enrichir ou s’appauvrir ?
L’IA est construite avec tous les biais humains et les oublis intentionnels ou non de données. Ne va-t-elle pas normaliser le sexisme ? L’âgisme ? Le racisme ? Peut-on la doter de conscience ? Et quelle conscience ? Celle de ses créateurs ? Celle d’une humanité devenue sage ?
Et si à force d’être intégrée dans tous nos processus d’innovation, l’IA gagnait en autonomie ? Et si ses choix n’étaient plus acceptables ? Et si elle dépassait l’humain jusqu’à le rendre inutile dans la création ? Finalement peut-elle innover à notre place ?
Ce n’est pas parce que l’IA peut le faire que nous devons le faire. Où posons-nous la limite ? Finalement, le jeu en vaut-il la chandelle ?
Contrairement à ce que ce texte pourrait laisser à penser, je suis convaincue de l’intérêt de l’IA. Je suis cependant sceptique quant aux usages que nous en faisons et intriguée par les réponses que nous apportons à toutes ces questions.
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